Les pâtes grumiformes
Les pâtes grumiformes sont nombreuses; elles ont la forme de de grumeaux, à l’instar des bien nommés grumi di grano saracenico du Trentin.
“Couscous grossier”
Il désigne les pâtes grumiformes obtenues au cours de la première étape de la préparation du couscous (“touillage collectif”) et n’ayant donc pas fait l’objet d’un calibrage. Le “couscous grossier” est en principe cuit à la vapeur. Il n’est pas préparé mécaniquement et ne se trouve donc pas dans le commerce.
Fregola Mereu
Il s’agit de la variante grumiforme de la fregola pisiforme qui est réalisée exactement de la même manière que le “couscous grossier”: c’est-à-dire par “touillage collectif”, sans calibrage. La fregola grumiforme est pochée et souvent fabriquée en usine, notamment par Mereu.
Grumi di grani saracenico
Eux, aussi, sont obtenus de la même manière que le “couscous grossier” (“touillage collectif” sans calibrage), mais les grumi sont pochés dans du lait.
Maftoul
Le maftoul est une pâte grumiforme fabriquée de la même manière que le “couscous grossier” (“touillage collectif” sans calibrage); toutefois il est plus souvent à base de bourghol que de semoule. Le maftoul est cuit dans de l’eau voire du bouillon, comme du riz, c’est-à-dire jusqu’à absorption complète du liquide.
Oxfam vend du maftoul roulé à la main par les paysannes palestiniennes.
Recette : poulet au maftoul
Trachanas, xinochondros, kishk et frascarelli
Trachanas
Le trachanas est une pâte grumiforme d’origine grecque qu’on trouve en Europe de l’Est (Pologne, Hongrie), dans les Balkans (Macédoine), en Turquie (tarhanas), ainsi que dans le Proche et Moyen Orient (au Liban il s’appelle al-tirkan). Il n’est pas fabriqué par “touillage collectif” mais par émiettage ou râpage (comme la bien nommée pasta grattugiata). Le trahanas est poché.
Xinochondros
Le xinochondros est la variété crétoise du trachanas. Cette pâte grumiforme est fabriquée selon une autre méthode. Elle est, en l’occurrence, faite à partir d’une pâte non pétrie, autrement dit d’une bouillie à base, soit de farine ou semoule de blé, soit de bourghol (appelé pligouri en grec), qui sont mêlés à du lait suri ou non; la panade est cuite jusqu’à durcissement de façon à ce qu’elle puisse être morcelée en grumeaux. Ceux-ci ont une morphologie plus grossière que les trachanas. Ils sont également sont pochés. Les grumeaux de xinochondros sont parfois réduits en particules plus fines voire en farine; dans cette hypothèse on les écrase avec un rouleau et les passe à travers un tamis, de la même manière qu’on fait pour obtenir de la chapelure.
Recette : xinochondros au ragoût de chevreau
Kishk
Le kiskh libanais à base de bourghol (jamais de semoule ou farine de blé) est apparenté au xinochondros. Son mode de préparation est néanmoins plus complexe et se déroule en plusieurs étapes. Du bourghol est mouillé avec un ou plusieurs dérivés de lait qui est toujours sûri (lait caillé, babeurre, yaourt). La pâte (blile) ainsi réalisée est mise à fermenter et subit un pétrissage intensif. Des boulettes de la taille d’un oeuf sont façonnées et séchées au soleil. Elles sont ensuite réduites en particules plus petites par frottage entre les paumes des mains. Des portions ayant la dimension d’une noix sont d’abord formées, qui se transforment progressivement en grumeaux puis en poudre. Un tamisage est nécessaire afin de séparer la dernière des premiers; ceux-ci restent au fond du faruti (tamis), tandis que celle-là passe à travers les trous. Aussi bien, le kiskh se présente-t-il à ce stade sous deux aspects: en farine et en grumeaux de pâte qui ont exactement la même configuration grossière que les grumeaux de xinochondros. Contrairement à ces derniers, les grumeaux de kishk ne sont pas bouillis; ils continuent à être manipulés jusqu’au moment où ils acquièrent, à leur tour, un aspect farineux et ne font donc pas partie de la famille de la pasta.
Frascarelli
Les frascarelli sont des pâtes grumiformes originaires d’Ombrie obtenues d’une manière encore différente. A base semoule de blé, elles se font en roulant la pâte avec les doigts de la main dans un tamis (un “touillement collectif” simplifié en somme). La farine superflue passe à travers les trous de celui-ci, tandis que les petits grumeaux (les frascarelli) s’étant formés au cours de ladite manipulation sont retenus dans le tamis; ils sont ensuite plongés dans de l’eau bouillante. Autrement dit les pastiers italiens font exactement le contraire de leur homologues libanais qui ne pochent pas les grumeaux du kishk. De fait, en Ombrie, on ne cherche pas de réaliser un produit farineux mais une pasta grumiforme.
Quid du bourghol ?
Le bourgoul est fait avec des grains de blé, qui sont concassés en grumeaux de différentes tailles (grosses, moyennes, fines); ceux-ci sont étuvés et ensuite séchés. Avant de les consommer, on les trempe en général quelques minutes dans un liquide afin de les hydrater et ramollir; c’est ainsi qu’on procède notamment pour la préparation du fameux tabboulé. Parfois les grumeaux de bourghol sont ajoutés dans un ragoût de viande aux légumes, dans le jus desquels ils cuisent. Leur appartenance à la famille de la paste est néanmoins controversée du fait que le bourghol n’est pas utilisé cru puisqu’il a déjà été poché (étuvé). Cependant, cet argument n’est pas déterminant; le couscous, lui aussi, est précuit (à la vapeur).